Un Suédois à Paris.

Paris under 4 arstider, de Adolf Hallman, Bonniers, 1930.

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Reinhold Adolf Hallman (1893-1968) est né dans une famille ouvrière. Il peut suivre des études artistiques grâce au prince Eugène de Suède. Neurasthénique, Hallman affiche sa sympathie pour les idées anarchistes. Cet errant se trouve aussi à l’aise à New York qu’à Copenhague, Londres ou Paris.

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Il habite à Paris dans les années 20, où il rencontre Pascin et Chas Laborde, dont il subit l’influence quand il illustre La Comédie des erreurs de Hjalmar Söderberg. Le 20 février 1921, Adolphe Hallman se dispute avec l’un de ses compatriotes, le sculpteur Edouard Waller, âgé de 51 ans, qu’il tue accidentellement d’un coup de poing.

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En 1930, il publie, chez le même éditeur que Thora Dardel, Paris under 4 arstider ( Paris des 4 saisons ), où il consacre un long chapitre à Chas Laborde:

Quand Chas Laborde eut nettoyé la poussière du champ de bataille, il descendit le boulevard pour respirer, après les attaques de gaz dans le No mans land. Il s’assit à la terrasse du Café de la Paix, en plein cœur de Paris et se mit à étudier les gens.
Ce n’était plus la même ville que celle qu’il avait laissé quand la guerre avait éclaté. L’air était devenu plus dur, les contours plus nets; il ne reconnaissait plus. Là bas dans les tranchées, comme tous les autres artistes au front, il était resté éveillé la nuit, rêvant de l’air doux de Paris, de la ville de Renoir, Manet, Pizzaro et Sisley. (…)

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Il découvrit un four bouillonnant où mille intérêts nouveaux et étrangers s’amassaient et qui maintenant restaient à frire et bouillonner dans le creuset ; ça s’embrasait et s’enflammait dans une toute autre gamme de couleur que celle que les impressionnistes avaient adoré, c’était les flammes violettes des tubes de verres et des coupoles, brillantes comme les ballons des laboratoires de chimie, couleur d’oxyde, de souffre et de vitriol. (…)

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On suit le parisien moderne sur son chemin inquiétant et plutôt compliqué, dur, semé d’épines et des fausses roses en papier, à travers une fertile vallée de larmes. Le chemin est encombré ; une éternelle et immense bousculade et coude à coude, il faut à tout prix se tenir à la surface bouillonnante du tourbillon des êtres humains, avoir assez de gras pour pouvoir flotter dans l’eau douce comme dans l’eau salée. Le nouveau riche bourgeois parisien à cette graisse protectrice et utile.

 

Le texte de Hallman, fort intéressant, notamment par la façon dont il oppose Chas Laborde à Georges Grosz, est illustré de nombreux dessins de Chas tirés du Rire mais aussi de Rues et visages de Paris.

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Hallman fait une carrière d’illustrateur – Le Boulevard l’Europe (1929) mais aussi pour Boule de Suif de Guy de Maupassant  (1941), Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire  ou le Candide de Voltaire (1946) . Cet amoureux des villes et des foules se révèle, comme Jean Oberlé, très influencé par Chas Laborde.

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Dessin d’Adolf Hallman.

 

Adolf Hallman se fixe en 1959 à Rome, où il meurt en 1968.