Où est Charlie?
Dans Kiki de Montparnasse (2007), de Catel Muller et José-Louis Bocquet, le personnage principal danse dans une boîte en chantant un vieil air du folklore français. « Moi », écrit Kiki, « je ne peux pas chanter quand je ne suis pas saoule ; je m’étonne que ces femmes puissent chanter comme elles font pipi. Si j’ai l’oreille juste, j’ai la mémoire courte ; heureusement que j’ai avec moi mon amie Treize, qui […] fait le souffleur. »
![]() Kiki de Montparnasse
Pour son dessin, l’illustratrice s’est inspirée d’une eau-forte de Jean Oberlé, « Le Jockey », qui représente une soirée dans cette fameuse boîte de Montparnasse. On reconnait au premier plan Pascin, attablé avec Mac Orlan et Lucy Krogh. A côté d’eux Chas dessine. Derrière eux, dans la foule, se trouvent Jean Galtier-Boissière, Jean Cocteau, Paul Poiret, Foujita, Kiki, etc… A noter que Catel noue une cravate autour du cou de Pascin!
![]() Le Jockey
L’inspiration devient encore plus manifeste dans cette illustration en couleurs de Catel.
Foujita, lui, a été conservé. Et, de façon plus surprenante, Chas Laborde apparaît au bord du cadre, privé de son carnet à dessins. Kiki dansait parfois dans la salle du Jockey, se trémoussant entre les tables et suscitant cette réflexion de Pascin : « Les femmes sont essentiellement des porte-cons et les hommes des porte-bites. Mais surtout il ne faut le dire à personne. Et c’est parce qu’il ne faut pas le dire que la civilisation existe (…) et que nous sommes tous là, comme des cons et à moitié saouls, à regarder une fille qui se tortille le cul. » (Cité dans Georges Papazoff, Pascin ! … Pascin ! … C’est moi ! …)
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