Oh les beaux jours.

Les joies du retour, dessin paru dans La Baïonnette, n°224, 16 octobre 1919.

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L’été, dans le jardin… La famille pose pour la photo au pied d’un ridicule arbre en pot… .
Le père est derrière l’appareil. Il fixe pour la postérité sa femme, son fils, ses beaux-parents et sa réussite. On aperçoit derrière la façade de la maison, avec son architecture pseudo-médiévale, sans doute la maison de campagne que l’on a du abandonner pendant la guerre, car elle était du mauvais côté de la ligne de front. La descendance est assurée. Le fils a les cheveux roux de sa mère et se tortille sur sa chaise.

On a sorti la bouteille d’Armagnac pour fêter le retour. On est en vacance. L’homme n’a pas de ceinture pour comprimer sa bedaine,  et porte des espadrilles. La femme au chapeau rappelle:

Il ne faudra pas oublier d’envoyer une épreuve à nos pauvres amis de Reims…

Faut-il préciser que Reims fut en grande partie détruite pendant la Grande Guerre et sa cathédrale incendiée ? Le bonheur n’existe pas sans le malheur des autres.

« Chas Laborde », écrit André Warnod,  » est un peintre de mœurs à la vision singulièrement aiguë. Il sait d’un trait fin et précis, fouiller jusqu’à l’âme les personnages qu’il prend pour modèle. Il ne les transforme pas en bonshommes, il les montre tels qu’ils sont, mais avec leurs plus secrètes pensées écrites sur leur visage. » (Art et décoration, juillet-décembre 1920).