La fille du Casino Saint-Glinglin.

Bob et Bobette s’amusent, Francis Carco, Albin Michel, 1919.

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Au départ, il y a l’idée de suivre les aventures de deux personnages, quatre écrivains se succédant pour les raconter : Jeanne Landre (Bob et Bobette, enfants perdus, couverture de Joë M. A. Fournier), Francis Carco (Bob et Bobette s’amusent, couverture de Chas Laborde), Pierre Mac Orlan (Bob bataillonnaire, couverture de Gus Bofa), et enfin André Salmon (Bob et Bobette en ménage, couverture de Ciolkowski).
Francis Carco raconte, avec une empathie évidente, les mésaventures de deux adolescents ballottés et malmenés par la vie. Malgré leurs espoirs et leurs efforts, leur destin est tout tracé. La société est un monstre sans pitié.

Chas Laborde choisit de montrer sur la couverture, la première qu’il dessine, les débuts calamiteux de la pauvre Bobette sur les planches du Casino Saint-Glinglin, du côté du faubourg Saint-Denis. On y sert des cerises à l’eau-de-vie au public, qui bombarde les artistes sur scène avec les noyaux : « et il arrive parfois – à la joie délirante du public – qu’ils tombent en plein dans la bouche ou dans l’œil d’un artiste. » L’angle est original, très cinématographique, les détails d’un music-hall populaire bien rendus, et la sympathie de l’artiste va manifestement à l’adolescente en bas verts, maigrichonne dans sa robe à fleurs : « Hélas! une robe, quand bien même elle aurait battu le record du décolletage à Magic-City, ne suffit pas à donner du talent quand on en manque. Bobette en fit la triste expérience le soir de ses débuts, sur la scène du Casino Saint-Glinglin. »

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Couverture de Gus Bofa.

Carco envoie donc le pauvre Bob aux Bat’ d’Af’. Prenant le relais, Mac Orlan s’inspire de la destinée tragique de son frère Jean pour poursuivre le tableau de la Grande Guerre, qu’il avait commencé avec Les Poissons morts. Le constat n’est pas gai : « Il en est pourtant ainsi de toutes les guerres qui furent toutes inutiles et n’avaient d’excuse qu’à la condition d’être faites par d’audacieux chercheurs d’aventures, des artistes et des moines dégoûtés de l’existence normale. La nation armée est certainement la plus dangereuse sottise de tous les pays qui mettent sur le fronton de leurs édifices publics trois mots dépourvus de sens précis: liberté, égalité, fraternité, et qui sont trois promesses merveilleuses impossibles à tenir. »

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Couverture de Ciolkowski.

André Salmon, lui, sans se soucier du roman de Mac Orlan, introduit Bob dans la bonne société parisienne, le fait réformer et le marie!

En 1930, les éditions Emile Hazan publient Bob et Bobette s’amusent, illustré par Dignimont.

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Dessin de Dignimont.

Le tirage de tête de Bob et Bobette s’amusent comporte 10 exemplaires sur Japon (1-10) et 20 exemplaires sur Hollande (1-20).