Pierre Falké.
Chas Laborde rencontre Pierre Falké vers 1906. Bien que Mac Orlan le fasse naître en Australie, Pierre André Michel Falké a vu le jour à Paris le 27 mai 1884, dans le 14e arrondissement. Son père, Martial Falké, est employé au ministère de l’agriculture, et sa mère, Clara Mage, sans profession. L’enfant dessine très tôt mais son fonctionnaire de père ne veut pas d’artiste dans la famille. Il lui interdit donc de préparer les Beaux-arts. Quand il est muté à Nouméa, il emmène sa famille avec lui. La Nouvelle-Calédonie et les paysages du Pacifique marqueront Pierre Falké à vie. Mais au bout de deux ans, ne supportant plus la tyrannie mesquine de son fonctionnaire de père, il rentre en France. Son service militaire accompli en 1904, il travaille pour un peintre en bâtiment, décorant des salons bourgeois et repeignant la Tour Eiffel. L’anecdote amuse Chas qui précise « pas toute entière et pas tout seul… ». Il insiste pour présenter son ami comme un bagnard en fuite : « Tu vas voir un de mes bons copains. Il s’est évadé du bagne… » Bon garçon, Falké joue le jeu et ne se fâche pas même quand en société Chas lui bourre les côtes et ordonne : « Montre voir tes tatouages ! » Falké, lui, se montre protecteur et guide Chas à travers le labyrinthe de la presse illustrée, l’encourageant à montrer ses dessins au Rire. Quand Falké déménage à Montmartre, Chas le suit. Ils forment un couple curieux, que Roland Dorgelès décrit ainsi : « Falké rougeaud, costaud, parlant rude ; Laborde maigre et pâle, mangeant la moitié de ses mots » Le premier porte des chemises sans col et une casquette d’ouvrier. Le second a un faux air d’élève pasteur. En décembre 1911, les deux amis signent un numéro de L’Assiette au beurre consacré aux grands magasins. Leur amitié survivra à la Grande Guerre et se poursuivra jusqu’à la mort de Chas en 1941.
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