La fille en deuil.

Les grandes douleurs. Dessin paru dans Le Rire, n°254, 15 décembre 1923.

Un couple âgé, cossu, respectable (l’époux est décoré, sa femme arbore une épaisse fourrure) présentent leurs condoléances à la jeune veuve.

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La veuve est trop rose et trop blonde pour être honnête. Sa robe de deuil met en valeur une poitrine ronde et des bras potelés, dévoilés plus que cachés par le tulle noir. La robe est assez courte pour montrer les bas de soie noirs qui gaine ses jolies jambes.

– Ma pauvre petite quel chagrin !
– Oh ce n’est rien aujourd’hui… C’est hier qu’il fallait me voir.

Un cerne théâtral autour des yeux, un tout petit mouchoir de dentelles… Le chagrin de la jeune veuve est mis en scène, joué pour son bénéfice et celui de la société comme il faut. Voire du chien de manchon qui trône sur le canapé.

Le défunt est réduit au strict minimum, une silhouette dans un cadre:  moustaches martiales, jambes cavalières, belle gueule de vache… Le décor de boudoir, ses teintes pastel, les fleurs, les oiseaux, tout laisse deviner que la consolation ne saurait tarder…

Même un héros n’est pas irremplaçable.