Gus Bofa à Paris.
Gus Bofa, l’adieu aux armes.La Mairie du 17e arrondissement accueille, du 26 novembre 2014 au 13 février 2015, l’exposition « Gus Bofa, l’adieu aux armes ». Celle-ci, présentée à Angoulême au début de l’année, rend hommage à cet artiste singulier et encore trop méconnu. Commémoration de la Grande guerre oblige, elle met en avant le rôle joué dans sa vie et son œuvre par la guerre et le métier des armes. Simple soldat d’infanterie, grièvement blessé en décembre 1914, Gus Bofa reste marqué dans sa chair et son âme par ce qu’il appelle la Grande Farce. Rendu à la vie civile à l’état de mutilé translucide et décoloré, il réapprend à marcher, boxe sur une jambe et range dans un tiroir la Croix de Guerre et la Médaille militaire, que lui a values sa conduite au feu. La guerre, qu’il juge magnifiquement inutile, lui a cependant permis d’éprouver la merveilleuse vanité d’une vie, qu’il consacre désormais aux vices précieux que sont la paresse, la lecture, l’écriture et le dessin. Décidé à ne plus s’encombrer des conventions sociales et artistiques, il se forge une morale stoïque, qu’il résume en une devise : « On verra bien » ; et une profession de foi : « Libre ? Mais oui, dans les limites exactes de votre petite cage. Et seul ? Bien entendu. ». Après avoir vainement tenté d’exorciser le traumatisme de 1914 avec deux pamphlets cinglants, Chez les Toubibs (1917) et Le Livre de la Guerre de Cent Ans (1921), et un roman de guerre, Rollmops, ou le Dieu assis (1919), Bofa continue de dessiner en marge des livres qu’il illustre, Le Train de 8 H 47, Don Quichotte ou les Fables de La Fontaine, les petits malheurs et grandes misères des soldats, improvisés ou professionnels. L’homme qui, enfant, rêvait de devenir un brillant officier de cavalerie, porte sur la guerre, toutes les guerres, celles d’hier comme celles de demain, un regard lucide et désabusé. Sa réflexion se fait plus sombre et désespérée au fil des années 30, pour culminer, en pleine guerre d’Espagne, avec La Symphonie de la Peur (1937). La Grande Guerre a mis en branle un collectivisme mondial qui réduit l’homme à la condition de cellule du corps social. Par peur de la mort et du néant, une humanité ingénue aliène sa liberté à cet organisme synthétique et barbare qui l’emmène vers des catastrophes inédites.
Mairie du 17e, 16/20 rue des Batignolles, 75017 Paris.
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