Les filles du boulevard.

Dessin inédit de Chas Laborde, 1919.

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Paris. Chas est installé à la terrasse d’un café et, comme à son habitude, observe et dessine les passants sur le boulevard. Tous les jours, après avoir travaillé dans son atelier, il va au café  et s’assied à la terrasse pour « apprendre à dessiner ».

Quand on lui demandait où il fallait dessiner, Louis Morin répondait : « « Partout. Dans la rue en suivant les gens ou en marchant à leur rencontre, ou en les regardant passer de profil ; dans les omnibus, dans le métro, dans le chemin de fer, dans les gares, dans les jardins publics, un théâtre, dans votre famille ou devant votre glace. Il y a aussi un moyen excellent, qui consiste à aller s’asseoir à la table d’un café. Le peuple croit que les dessinateurs sont des gens de café. Il se trompe : ils n’y viennent pas pour boire, ils y viennent pour travailler. »

Chas suit cet excellent conseil et cherche à saisir ses modèles en mouvement. « Il faut », dit-il, « arriver à dessiner aussi vite que les gens qui passent. Quand ils sont passés, ils ne reviennent pas. »

Deux jeunes femmes, trop maquillées, en route vers leur terrain de chasse habituel, le dévisagent. Ont-elles réalisé qu’il les fixe à jamais sur le papier?

Le dessin est dédicacé « en hommage respectueux à Madame Derivry ».